La culture jetable expliquée aux grains de sable
Luc n’était pas vraiment beau, mais il avait un charme incroyable. Brun, le nouveau coup de cœur de Doni avait de longs cheveux parsemés de mèches verdâtres. Une tignasse qui tranchait bizarrement avec ses petits yeux bleus enfoncés loin dans leurs orbites. Très raides, ses cheveux tombaient avec légèreté sur ses épaules nues et légèrement rosées d’avoir trop voulu jouer avec le soleil.
Depuis sa chaise, Doni pouvait distinguer de petits lambeaux de peau presque transparents qui se détachaient par plaque des épaules de Luc. Elle aimait sa dégaine : il était grand, et adoptait cette silhouette un peu voutée typique des grandes asperges. Son short rouge vif et ses claquettes jaunes et bleues complétaient avec panache son look multicolore.
Une fois accrochée, Doni ne put plus détourner son regard. Durant tout le temps qu’il commandait son lot de croissants à la buvette du camping, Doni le détaillait des pieds à la tête. Léa finit bien sûr par capter cette attention soudaine, à mille lieux du test « quelle vacancière êtes-vous ? » auquel elles étaient en train de répondre.
Il faut bien le dire : Léa fut d’abord un peu vexée d’être si vite mise de côté. « T’as qu’à me laisser parler aux murs tant que tu y es ! », mais elle finit par arborer un large sourire un peu moqueur lorsque le perturbateur vient droit vers leur table, leur offrit un croissant chacune et les invita « ce soir sur la plage avec les autres ». Et ce sourire n’avait pas fini de s’élargir. Tard dans la nuit, il devait même se transformer en un fou rire irrépressible.
« Si, je te jure ! On était sur notre petit coin de plage… oui quand on s’est isolé. En vrai on est pas parti très loin : nous, on vous voyait de là où on était, mais comme on était vraiment dans le noir on s’est dit… c’était un peu excitant, tu vois. Mais bon, le problème, c’est que l’autre là, il ne savait pas quoi faire de ses mains, et du coup s’était genre speedy Gonzales. Je savais même plus comment lui dire de ralentir. Alors bon, je me suis dis : tant pis, vas y, fais comme tu le sens. Qu’on en finisse parce que là ça me saoul vraiment.
« T’imagines le tableau ? Lui, grave au taquet, moi qui me fais chier total… trop nase le plan ! Mais attends, c’est pire après. Parce qu’à ce moment là, y’a une blondasse qui débarque et qui commence à hurler qu’elle en a ras le truc que Monsieur s’envoie toutes les pétasses qui passent sous son nez. Et l’autre tarte, il arrêtait pas de lui lancer des « c’est pas ce que tu crois ». Il est encore en moi l’idiot, et il lui répète mille fois « c’est pas ce que tu crois ».
« Non, vraiment… plus j’y pense et plus je me dis : « mais quel nase ce con ! » Si les mecs ils sont tous comme ça ici, moi je me casse tout de suite !
« Allez viens, on va se manger une glace. »