Toute seule
La pluie mouille le cuir de mes chaussures. Je n’aime pas mettre mes chaussures en cuir retourné quand il pleut ; ça les abîmes. Mais je n’étais pas bien réveillée ce matin, je n’ai pas fait attention. Maintenant il est trop tard : je suis en retard, pas le temps d’en changer.
Pas de course, souffle court – faut vraiment que je me remette au sport ! – me voilà arrivée. La porte du cabinet est fermée, la salle d’attente est vide. Je m’assoie, tourne quelques pages d’un vieux magasine féminin, le repose… « Je vais sortir de mon tête à tête avec l’orthoptiste avec les yeux fatigués et peut-être même un mal de tête, c’est peut-être pas la peine d’en rajouter une couche en lisant la moitié d’un mag sans mes lunettes. »
Ainsi livré à lui-même dans cette salle d’attente au carrelage gris, mon esprit divague ; il se repasse le film des trois derniers mois. Me voilà seule désormais. Seule à la tête d’une entreprise toute neuve. Forte de mon expérience, je me félicite de connaître les règles du jeu, mais je sais aussi que tout est à faire. Quelle étrange sensation : mélimélo de liberté et de vide sous mes pieds ! Cette toute nouvelle situation est stimulante, tout autant qu’effrayante, mais elle me ressemble… enfin.
Déjà un quart d’heure de retard… Perdue dans la contemplation des fines auréoles qui habillent le cuir de mes chaussures fétiches, je me dis que finalement j’aurais eu le temps d’en changer.
9 mars 2009 à 17 h 36 min
C’est joliment écrit! Merci pour ta visite…J’attends de lire la suite!