Miettes de vie
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Matin câlin
« soleil brille » … « écoute le dernier morceau de » … le son de la radio est encore lointain. Petit à petit, le corps se réveille, les sensations revivent : la douceur les draps, le moelleux de l’oreiller, le gazouillis des oiseaux… Mais le monde des rêves n’est pas encore prêt à me laisser partir. Mes yeux sont encore clos. Pourtant, je l’entends, je sais qu’elle arrive. tap tap tap tap tap… son pas feutré résonne légèrement sur le parquet. Elle marque une pause, puis d’un petit saut svelte et délicat, Sacha monte sur le lit… Miaou ! Ron ron ron…
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ça gratte
Assise sur son postérieur, Sacha lève doucement la patte. Ça gratte ! Mon dieu ce que ça gratte ! Pendant qu’elle se gratte le haut de l’épaule avec ardeur, le petit chat tire la langue ; on dirait qu’elle lape le meilleur lait au monde.
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même pas cap’
Sacha est allongée au sol, les pattes en défense, la longue queue noire énervée frappe le sol à intervalles irréguliers. Les yeux dans les yeux, penchée juste au dessus d’elle, Bianca surveille attentivement son adversaire. Elle tente un petit coup de patte, elle se ravise. Les petits poils blancs présents dans ces oreilles frémissent… Soudain, Sacha s’élance ! Talonnée par sa sœur… elles dévalent les escaliers, amorcent le virage, dérapent allègrement, sautent sur le canapé, passent dessous, repassent dessus… tout se fige… de nouveau elles se toisent…
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aïe !
Sacha se tortille. Pour l’examiner, il faudrait la mettre sur le côté. Mais Sacha ne veut pas. Sacha ne peut pas. Ses miaulements sont rauques, plaintifs, menaçants, accompagnés de soudains coups de griffes … Sacha n’est jamais comme ça d’habitude. Sacha ne souffre pas d’habitude.
Sacha s’agrippe, de toutes ses forces. Les canines plantées dans ma main droite, elle implore, râle, griffe autant qu’elle peut. Puis, elle lâche tout, s’élance vers le bord de la table, tombe. Elle ne s’est pas retournée. Arrivée au sol les miaulements douloureux se prolongent et les canines cherchent frénétiquement quelque chose à attaquer.
Une éternité travers la pièce.
Sacha s’est calmée, recroquevillée sur elle même, elle reste prostrée, éteinte.
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Adieu
Bonjour… rien pu faire… Sacha est morte ce matin.